mercredi 17 octobre 2007

Apart

 

L'amertume au fil des jours que l'on passe prostré

 

Mon chat devient fou, et il a bien raison. Il court depuis le salon, s'arrête en dérapage griffu sur la moquette, entre en trombe dans une étagère, puis en ressort et se précipite dans le salon à nouveau. Je m'arrache les cheveux calmement en le regardant craquer. Il est si sensible. Perdue pour perdue, c'est le chat qui me fait signe que tout ça ne mène à rien de bon. Que rien ne sera plus comme avant, que gare à moi si je l'abandonne lui aussi.

Et voilà qu'il miaule comme une âme en peine face au mur et mes cheveux s'entassent sous mon bureau pour former bientôt un beau mouton de poussière. Le  bruit des travaux dans la cour, la bière que je bois si tôt dans l'après-midi, le volume de la musique, rien ne me touche. C'est ainsi que les jours passent et que tous les matins je ne me souviens pas exactement de ce que j'ai fait la veille. Je prends beaucoup le métro. Cette ville est si belle que le bonheur d'y vivre n'a d'égal que mon inutilité dans le monde et dans ma propre vie.

Il y a bien un garçon. Mais les bluettes ne sont plus aussi haletantes qu'à neuf ans. Il doit y avoir un travail quelque part pour moi qui ne sait rien faire et qui cherche mal. Il y a bien ma mère qui m'aime et me soutient. Il y a toujours les livres. Et internet.

 

Ce que je nomme "Le grand marasme" a commencé pour moi il y a quelques années quand toutes les choses se sont mises à ne concerner que moi. La solitude. Ces choses de la vie qu'on ne nous apprend pas. On ne nous dit pas comment éviter la mort du désir. On ne nous explique pas comment faire le deuil, comment être constant. Personne ne sait exactement pourquoi on perd des amis pour s'en faire d'autres. La solitude, Emma Bovary :

L'amertume au fil des jours que l'on passe prostré.

 

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Il y a aussi

c'est si peu

la drogue la satisfaction

comment l'écrire

ce mot

satisfaction

pourtant

on s'habitue à tout

c'est ce qu'on fait

le plus souvent

avec plus ou moins de réussite

selon les saisons

je sors de chez moi

et pourtant

l'étau

sur mon estomac

ne dessert pas

son emprise

il en est

de la surprise

comme du chocolat

on n'est plus dupes

de ce genre de

bonheurs

et je sors de chez moi

pour traverser un cimetière

avec ou sans toi

sans toi

plus souvent

il en est des stèles

tellement

calmes et nombreuses

et je téléphone

dans le cimetière

et tu vas au toilettes publiques

et les visiteurs

visitent

pourtant

c'est sans toi le plus souvent

ces jours que je passe prostrée

entre deux trépassés

et un demi-mort

mais c'est à demi-mot

qu'il faut en parler

garder pour moi

assez de secrets

pour pouvoir dormir

me bercer d'eux

et croire que le chat

est mon ami

alors

qu'il ne cherche

que son confort

 

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On parle de vote utile dans la rue c'est tout juste si on se rend compte de la présence de la pluie violente qui bat les vitres et c'est tout juste l'heure pour moi d'entrer dans le cinéma.

C'est un poème une chanson ou un cri plutôt un râle du fond de la gorge qui attend que l'alcool monte ou descende le long du gosier encore j'avais dit "pas aujourd'hui" mais je ne l'ai pas dit à voix haute puisqu'aujourd'hui je n'ai pas parlé.

S'agit-il d'écrire d'avoir une activité créatrice ou d'empoisonner le papier d'écraser des clopes dans des cendriers trop profonds avec des manches de pull trop longues on pourrait les brûler comme ça on aurait pu sortir ce soir à nouveau pour passer le temps qui passe de toute façon.

S'agit-il de se répandre et non jamais d'enfanter un objet fini magnifique merveilleux quel talent je suis un peu douée mais pas tant ça ne suffit pas je crois je crois ou je suis sûre? ça manque de travail.

Je suis douée pour le commencement des choses on part toujours de soi alors je dis je tant pis je suis plus calme maintenant l'ébriété souterraine est là je disais le commencement c'est pour moi d'autres font le reste et d'autres encore finissent je suis de ceux-là aussi je finis mal et abrupt c'est salissant mais tant pis pour la beauté qui n'est pas lâche lève le premier le doigt.

 

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Aujourd'hui

dans un silence de ville

et à travers

les rayons du soleil

il est tombé

de petits morceaux de glace

et je ferais Verlaine

si j'osais

mais il ne pleure pas

dans mon cœur

comme sur la ville

il y fait plus froid

que glacial

on y est plus à l'ombre

qu'au soleil

ces dérèglements

climatiques

et la dégénérescence

de mes cellules actives

qu'est-ce que je raconte

ça va mal, c'est tout

je suis douée pour

les petites choses

c'est ainsi

 

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Et quand bien même teinté rose cela serait : "je veux être avec toi et l'autre et puis on verra le temps fera le reste" avec toi oui un moment avant que tu ne retrouves tes esprits ceux qui te guideront loin de moi.

Tromper la solitude n'est jamais bon mais je me cache et quand elle me retrouve je me cache à nouveau pourtant dans quelques jours celui que j'ai brisé me laissera enfin seule me laissera seule sans personne alors vers qui tourner mes yeux quand je voudrais m'assurer pour la dixième fois que j'existe bien réelle.

C'est alors quand toi et lui serez partis seulement qu'alors isolée je pourrai si je veux descendre plus bas ou rebondir je ne sais pas encore si rebondir il le faut il doit bien y avoir un moyen de rêver moins à l'impossible et de faire ce que tant de gens font vivre normalement être malheureux normalement et ne pas créer.

La sale manie d'avoir besoin continuellement de sortir quelque chose écrire dessiner filmer chanter ou photographier je suis donc si étroite à l'intérieur que ma vie n'y rentre pas il faut que je la stocke hors de mon corps dans des œuvres et pas assez bonnes encore? Comme sans cela il doit être agréable de vivre j'ai essayé mais je n'y suis pas bien je ne suis pas apte à grand chose finalement sauf à être dépendante du regard des autres même les morts braqué sur moi en permanence parce que c'est ainsi que je l'imagine que peuvent-ils faire d'autre que m'observer je les observe bien moi.

 

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En voyant trois lapins

faire de l'anti-folk

j'ai réalisé soudain

qu'entre nous

aucun avenir

amoureux

pendant que lui

me dit qu'il se sent veuf

je serais donc morte

il rajoute

que je ne parle pas

que je ne dis jamais rien

c'est bien vrai

et je ne le ferai plus

dorénavant

je vais tout dire

quand il s'agira

de ne pas reproduire

les mêmes erreurs

dans l'avenir

amoureux

de ne pas trahir

je tâcherai

de ne pas mentir

et mépriser

plus rien de tout cela

non plus mais

communiquer

partager

comprendre

et désirer

puis

j'en attendrai

de même

 

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Un an en arrière nous avons acheté ce jeu il n'existait plus de limite entre la vie et la simulation nos avatars nous devions leur choisir des priorités comme dans la vie quand on sait ce qu'on veut plusieurs choix l'amour la carrière l'argent la popularité la créativité devine ce que j'ai pris devine ce qu'il a pris se souvient-il seulement de la vie qu'on simulait et de la vie qu'on menait c'en état troublant j'ai arrêté de jouer. 

Là où il a choisi la créativité j'ai naturellement choisi l'amour.

Pourtant j'aurais pu choisir autre chose pourquoi après tout privilégier l'amour quand maintenant que tout est fini il fait des chansons qui me font mal comme du sel sur du sang et que l'on boit chacun dans son ivresse en attendant des jours meilleurs chacun pour soi plus pour l'autre mais est-ce que ça a seulement été pour l'autre?

Pourquoi cet état d'enfant qui vivait les choses autrement avec l'amoureux premier je ne peux pas le retrouver c'était gravité oui mais si uniquement nous lui et moi dans les ruines de sa maison en construction à côté de celle de ma mère où il n'habitera finalement jamais et je l'ai perdu parce qu'enfant nous suivons les adultes qui nous élèvent et nous emmènent loin de ceux qu'on aime déjà. Il était Philippe mon grand amour deux ou trois ans durant et contre la plupart des autres élèves cruels.

Déjà le triangle amoureux à neuf ans lui moi et le meilleur ami le brun le blond et la fille les garçons chacun sa façon de me vouloir pour gagner mais mon coeur est à un seul et c'est une après-midi dans les ruines que celui que je n'aimais pas est arrivé pour chasser celui que j'aimais qui s'est effacé c'est à toi de choisir je t'ai choisi toi mon premier on se retrouvait aux toilettes pendant le cour de calcul mental il savait mes secrets ma sale histoire déjà il voulait me protéger.

 

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La fabrique de souvenirs

à une vitesse indécente

c’est ce dont nous souffrons

en nous quittant

si vite

Sur ce que je bois

Il est écrit

douceur subtile

et généreuse

c'est ce que tu n'es pas

pour moi

ni subtil ni

discret tu voulais                                 

mais

tu n'es qu'absent

plus de douceur

dans tes mots

comme à nos

jeunes débuts

généreux tu as cessé

de me demander

de l'être

de moi tu ne veux

plus rien

mais d'elle

tu vas me parler

et je t'écouterai

pour la dernière fois

puis nous scellerons

nos jeunes émois

en une fin

moins que tragique

quoique

véritable

douloureuse

puisque

de nos débuts

me restera

une odeur fraîche

de neige fondue

sur tes cheveux

 

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J'aimerais pouvoir lui dire

tu es ma douleur

dors contre moi

tout ira bien

mais je ne peux

rien

il est tant

de souvenirs

qui nous regardent

que pour l'instant

dans nos blessures

nous reposons

seuls et hagards

 

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Aujourd'hui un poignard s'est acharné sur moi des heures durant jusqu'à l'épuisement du diaphragme qui s'est dit respirer devient trop difficile stoppons là l'effort de survie mais je vis pourtant toujours avec la déception de savoir que de tout cela nous nous remettrons et bien encore avec la sagesse que l'on gagne à connaître le déchirement des frères et des sœurs qui se sont aimés puis se séparent.

Car  c'est bien l'ami qui nous reste après tous les mots celui qui manquera quand sévira l'orage et brillera le rayon vers qui l'ont se tournait pour échanger un regard machinalement c'est bien lui qui disparaît quand tout cela n'est plus qu'une page écrite dans l'histoire que l'on racontera lorsque de battre le cœur aura repris l'activité.

 

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Il est temps pense-t-elle allons-y dit-il

il s'installèrent à l'habituel café

le premier café au soleil de l'année pense-t-elle

prends soin de toi dit-il

en regardant le carrefour comme s'ils se trouvaient dans un pays étranger

c'est comme si on était morts prononce-t-elle

oui

le temps s'est arrêté au feu rouge un cycliste est immobile

un nuage assombrit la rue puis s'en va et revient le soleil

ne doute pas de toi lui dit-il

tu es beau répond-elle n'oublie pas

merci

j'ai été heureux

tu m'as beaucoup appris

tu fais partie de ma vie

je ne t'oublierai jamais

 

l'étreinte dernière et douloureuse

les larmes et la nausée

je ne peux pas regarder cette pièce vide

faire le deuil de quelqu'un qui est encore en vie.

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